Hyponatrémie à l’effort : Un risque silencieux en Ultra-Endurance
- Amandine Blachon
- 5 févr.
- 4 min de lecture
L’hyponatrémie associée à l’exercice (HAE) est une complication médicale, potentiellement grave, qui peut survenir chez n’importe quel athlète d’endurance.
Cette complication résulte principalement d’une surcharge hydrique et/ou d’une régulation inadaptée du métabolisme du sodium à l’effort. Contrairement à la déshydratation, l’hyponatrémie découle souvent d’une hydratation excessive entraînant une dilution plasmatique importante du sodium.
Nous vous proposons, dans cet article, une analyse des mécanismes physiopathologiques de l’HAE ainsi qu’une explication des stratégies de prévention adaptées aux compétitions d’ultra-endurance.

1. Mécanismes de l’Hyponatrémie d’Exercice
L’HAE survient lorsque la concentration plasmatique de sodium est inférieure à 135 mmol/L lors d’une épreuve d’endurance prolongée, ou dans les 24h suivant l’effort. Trois raisons principales peuvent expliquer ce phénomène :
Une surconsommation de liquides (hypotoniques)
Une ingestion excessive d’eau ou de boissons pauvres en sodium entraîne une dilution plasmatique du sodium. Des études sur des ultra-marathonniens ont montré que les athlètes présentant une HAE avaient consommé jusqu’à deux fois plus de liquides que ceux ne présentant pas d’hyponatrémie.
Une sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (ADH)
Chez certains athlètes, l’hormone antidiurétique (ADH ou vasopressine), qui a en charge le maintien d’un taux normal de sodium dans le sang, reste élevée malgré la surcharge hydrique, réduisant l’excrétion urinaire et exacerbant la dilution du sodium plasmatique.
Un stockage du sodium sous forme osmotiquement inactive
Des hypothèses récentes suggèrent que le sodium pourrait être temporairement retenu au niveau extracellulaire, contribuant à l’hyponatrémie fonctionnelle sans perte nette de sodium.
2. Données Épidémiologiques
La nombre d’athlète touchés par l’HAE varie selon la discipline et les conditions environnementales :
Ultra-marathons (>100 km, conditions chaudes) : 30 à 51 % des coureurs
Triathlons longue distance (Ironman, Triple Iron) : 18 à 28 % des athlètes
Cyclisme ultra-endurance : autour de 0,5 %, en raison de pertes sudorales plus progressives et d’un accès plus facile à des apports sodés
Ultra-natation : risque accru chez les femmes (36 %) par rapport aux hommes (8 %), potentiellement expliqué par une régulation hormonale distincte et d’un ratio masse musculaire/eau corporelle plus faible
3. Effets Physiologiques et Cliniques
L’HAE peut être asymptomatique ou provoquer des manifestations allant d’une altération des performances à un œdème cérébral fatal. Les symptômes évoluent selon la sévérité de la dilution sodique :
Hyponatrémie légère (130-135 mmol/L)
Nausées, maux de tête, léthargie
Faiblesse musculaire, crampes
Hyponatrémie modérée (125-130 mmol/L)
Confusion, vertiges, vomissements
Œdème des mains et des pieds (observé chez 20 à 30 % des ultra-endurants en cas de surcharge hydrique)
Hyponatrémie sévère (<125 mmol/L)
Convulsions, coma, détresse respiratoire (oedème cérébral)
Cas rares, mais enregistrés lors d’ultra-triathlons et de courses en conditions extrêmes.
4. Prévention : Stratégies d’Hydratation et d’Apport Sodé
Il est possible de réduire le risque de survenue d’une HAE grâce à l’adoption d’une hydratation régulière mais non excessive. Les recommandations suivantes sont basées sur des études terrain et physiologiques :
Pour les courses de longues durées, conserver une hydratation autour de 400 à 800 ml/ h d’effort (en fonction des conditions et des besoins/ poids de corps de l’athlète)
Cet apport hydrique permettant, à la fois, de prévenir la déshydratation et la surcharge hydrique
Même si boire à sa soif, serait suffisant pour la majorité des athlètes, lors des courses d’ultra-endurance les perceptions étant parfois altérées et les sensations de soif sous ou surestimées, il est davantage conseillé de suivre un protocole d’hydratation déterminé au préalable
Une étude sur un ultra-marathon de 161 km a montré que les athlètes buvant > 800 ml/h avaient un risque 3 fois plus élevé de développer une HAE.
S’adapter aux conditions environnementales
Climat chaud : augmenter légèrement l’apport en sodium (+ 0,5 g/L).
Climat froid : risque accentué d’HAE en raison d’une sécrétion prolongée d’ADH et d’une baisse des pertes sudorales. Surveillance stricte nécessaire.
Éviter l’hyperhydratation pré-compétitive
Boire excessivement avant la course augmente la rétention hydrique et diminue la régulation rénale du sodium.
Une étude sur des ultra-cyclistes a montré que ceux consommant plus de 2 L d’eau dans les 2 h précédant le départ avaient une risque plus élevée de dilution sodique en milieu de course.
Optimiser l’apport en sodium
Sur les efforts longs et/ ou à haute intensité, veiller à apporter entre 1 à 1,5 g de sel/ h d’effort (via des boissons électrolytiques, isotoniques ou des aliments salés) : Découvrir Hydratation, la boisson Electrolytes spécialement formulée pour les athlètes d’ultra-endurance.
Des études sur des Ironman ont démontré que les athlètes consommant des capsules de sodium (600-800 mg/heure) maintenaient une natrémie stable malgré des pertes sudorales importantes.
Surveiller les signes précoces d’HAE
Un gonflement anormal des extrémités, des nausées ou une confusion doivent alerter.
En cas de suspicion d’HAE, restreindre immédiatement l’apport hydrique et favoriser un apport sodé modéré.
Conclusion
L’HAE constitue une menace sous-estimée en ultra-endurance, principalement due à une hydratation excessive non compensée par un apport sodé suffisant. Une gestion optimale des fluides passe par une bonne gestion des liquides autour et pendant l’effort, une supplémentation en sodium adaptée et une surveillance des signes précurseurs. Pour les athlètes et leurs encadrants, comprendre ces mécanismes est essentiel pour éviter les complications graves et optimiser la performance en toute sécurité.
Découvrir Hydratation, la boisson Electrolytes spécialement formulée pour les athlètes d’ultra-endurance.
Références Clés :
Knechtle B., Nutrition in Ultra-Endurance Racing – Aspects of Energy Balance, Fluid Balance and Exercise-Associated Hyponatremia. Medicina Sportiva, 2013.
Noakes TD., Exercise-Associated Hyponatremia: A Review of the Literature. J Appl Physiol, 2005.
Speedy DB., Hyponatremia in Ironman Triathletes: Incidence and Contributing Factors. Med Sci Sports Exerc, 1999.
Comentarios